Si vous souffrez du trouble obsessionnel-compulsif, vous recherchez probablement des solutions.
Et heureusement, des solutions efficaces, il en existe.
Cet article détaillé vous présente la base du traitement le plus efficace contre le TOC, pour que vous puissiez passer à l’action dès aujourd’hui et obtenir enfin des résultats positifs.
Si vous vous trouvez sur cette page, vous souffrez peut-être du trouble obsessionnel-compulsif.
Dans ce cas, vous savez déjà probablement en quoi consiste le TOC.
Mais si vous ne le connaissez pas encore, ou pas suffisamment, je vous invite à lire d’abord cet article sur le sujet: Le trouble obsessionnel-compulsif: comprendre et guérir.
Dans le présent article, je n’élaborerai donc pas davantage sur sa définition, ses causes et ses symptômes, puisque j’en parle ailleurs.
Je ne parlerai pas non plus de la manière spécifique dont le TOC touche les enfants ou les adolescents.
Je vais me concentrer sur son traitement.
Les meilleures avenues de traitement du trouble obsessionnel-compulsif
Les approches en psychologie sont très variées, et je ne prétends pas être en mesure d’en aborder plusieurs.
Cela déborderait l’objet de cet article.
C’est la raison pour laquelle je vais me concentrer sur l’approche considérée comme la plus efficace pour traiter le TOC, c’est-à-dire la thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
Mais même en me limitant à cette approche, beaucoup pourrait être dit qui déborderait encore de cet article, aussi détaillé soit-il.
C’est pourquoi je vais me limiter à vous présenter les excellents outils de grands spécialistes du traitement du trouble obsessionnel-compulsif: les psychologues David Clark, Christine Prudon et Jonathan Grayson.
Je n’invente donc évidemment pas ce que je vous présente ici.
Je structure, synthétise et vulgarise l’excellent contenu de ces chercheurs et praticiens d’exception pour vous donner accès aux meilleures stratégies qui ont fait leurs preuves.
C’est ce que je fais d’ailleurs dans le livre que j’ai écrit et encore davantage dans mon programme Web de traitement du TOC qui explique comment utiliser les solutions parmi les plus efficaces.
Les étapes préalables au traitement du TOC
Avant de vous parler de la base à partir de laquelle il est possible de traiter le trouble obsessionnel-compulsif, il est important de faire un «état des lieux», une mise au point de la manière dont il vous touche.
La première étape de cette mise au point concerne les obsessions elles-mêmes.
Quelles sont les obsessions qui vous touchent et vous font souffrir?
Identifiez vos obsessions potentielles
Vous vous demandez peut-être si ce sont vraiment des obsessions qui vous font souffrir?
Et si oui, il serait bien de savoir lesquelles, pour mieux cerner le problème à aborder.
Voici donc un premier exercice très utile pour débuter (adapté de Clark et Prudon, 2005, p. 17-19).
Installez-vous confortablement pour prendre des notes et écrivez:
Les pensées (images, impulsions, etc.) intrusives et indésirables qui s’imposent à votre esprit de manière répétée, qui vous font souffrir, et que vous n’êtes capable ni d’éviter ni d’éliminer.
Notez une obsession potentielle par ligne. Faites-en une liste en quelque sorte.
Ensuite, lisez (ou relisez) cet article qui vous fournit une liste détaillée des obsessions du TOC.
Il vous aidera à savoir à quoi elles peuvent ressembler, mais il vous fournit surtout une liste détaillée des caractéristiques des obsessions, pour savoir si les pensées (images, etc.) qui vous touchent en sont véritablement.
Pour poursuivre l’exercice, reprenez chacune des obsessions que vous avez notées.
Lisez les questions suivantes et, pour chaque obsession potentielle que vous avez notée, donnez une note de 1 à 5 selon ces critères:
1. Pas du tout
2. Un peu
3. Modérément
4. Beaucoup
5. Extrêmement
Voici les questions auxquelles répondre pour évaluer chaque obsession potentielle que vous avez notée:
À quel point la pensée (image, impulsion, etc.) s’introduit-elle dans votre esprit contre votre gré?
- Inscrivez une note de 1 à 5 selon la gradation que je viens de vous présenter.
À quel point la pensée (image, impulsion, etc.) vous dérange-t-elle et est-elle source de souffrance?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
À quel point tentez-vous de résister à cette pensée (image, impulsion, etc.)?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
À quel point vos efforts pour contrôler cette pensée (image, impulsion, etc.) ne fonctionnent-ils pas?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
Évaluation:
Après avoir répondu à ces questions pour chacune des pensées (images, impulsions, etc.) que vous aviez notées, regardez celles auxquelles vous avez le plus souvent donné des notes de 4 ou de 5:
Il est très possible que ces pensées (images, impulsions, etc.) soient des obsessions appartenant au trouble obsessionnel-compulsif.
Mais dans tous les cas, pour obtenir un véritable diagnostic, vous devez consulter un(e) spécialiste comme un(e) psychologue ou un(e) psychiatre.
Identifiez vos compulsions potentielles
Nous débutons maintenant la deuxième étape de la mise au point au sujet de la manière dont le TOC vous touche et qui appartient à la base de son traitement.
Dans le trouble obsessionnel-compulsif, la majorité des obsessions s’accompagnent de compulsions.
Les compulsions sont des comportements répétés qui visent à vous soulager de la souffrance et de la détresse qu’occasionnent les obsessions.
Je vous invite à lire (ou relire) cet article qui vous fournit une définition claire des compulsions ainsi qu’une liste exhaustive des plus fréquentes d’entre elles.
Ensuite, reprenez vos notes de la première étape et inscrivez tous les comportements (physiques ou mentaux) que vous adoptez et qui correspondent à la définition d’une compulsion.
Il s’agit en gros du même exercice que le précédent (pour les obsessions) mais qui vise maintenant à préciser les compulsions qui vous touchent (adapté de Clark et Prudon, 2005, p. 29).
Reprenez chacune des compulsions potentielles que vous avez notées.
Lisez ensuite les questions qui suivent et, pour chaque compulsion potentielle que vous avez notée, donnez une note de 1 à 5 selon ces critères:
1. Pas du tout
2. Un peu
3. Modérément
4. Beaucoup
5. Extrêmement
Voici les questions auxquelles répondre pour évaluer chaque compulsion potentielle:
À quel point êtes-vous porté(e) à adopter et à répéter ce comportement (physique ou mental) pour vous soulager de vos obsessions?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
Quelle est la force de l’urgence que vous ressentez à répéter ce comportement?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
À quel point ressentez-vous que vous avez perdu le contrôle à répéter ce comportement (vous n’êtes pas capable de vous retenir)?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
À quel point répétez-vous ce comportement pour vous soulager des obsessions ou pour prévenir leur retour (ou pour éviter une conséquence que vous redoutez et qui y serait associée)?
- Inscrivez une note de 1 à 5.
Évaluation:
Après avoir répondu à ces questions pour chacune des compulsions que vous aviez notées, regardez celles auxquelles vous avez le plus souvent donné des notes de 4 ou de 5:
Ce sont celles qui ont le plus de risques de correspondre à de véritables compulsions.
Mais encore une fois, seul(e) un(e) psychologue ou un(e) est habilité à procéder à un diagnostic.
Vos réserves face au traitement de votre TOC
Maintenant que vous avez une idée plus claire des obsessions et des compulsions qui vous touchent, vous savez précisément sur quoi portera le travail à réaliser au cours du traitement.
L’étape suivante consiste à aborder les réserves que vous pourriez avoir à traiter votre TOC.
Pourquoi faire cela?
Parce que le fait d’aborder ce qui peut nuire à l’obtention des résultats fait partie intégrante de votre capacité à en obtenir.
Si vous lisez cet article, il est clair que vous êtes motivé(e) jusqu’à un certain point à trouver des solutions à votre souffrance.
Mais à ce stade, vous avez peut-être des doutes et vous songez à ce que le traitement de votre TOC peut vous coûter.
Vous vous dites peut-être:
- J’ai déjà essayé des méthodes et rien n’a fonctionné… Si cela se reproduit, cela signifiera que je n’aurai plus aucun espoir…
- Si je vais mieux, les autres auront des attentes envers moi et je n’ai pas envie d’y faire face.
- Si je guéris, je perdrai une partie de moi-même et je ne serai plus la même personne.
- Je n’ai pas envie de souffrir davantage: et si le traitement faisait augmenter les symptômes à la place?
- Si je guéris, les autres ne m’aideront plus comme avant…
- Etc.
Il est normal d’avoir des peurs et des réserves et il est plus important de les nommer et de les reconnaître que de les ignorer.
Je vous invite donc à reprendre vos notes et à inscrire toutes les craintes que vous pourriez avoir relativement au traitement.
Cette nouvelle étape précède celle que je vais maintenant vous présenter.
Les souffrances réelles que vous fait vivre le TOC: une mise en perspective
Nous venons de voir les peurs et les réserves qui pourraient vous décourager à entreprendre le traitement ou à le poursuivre jusqu’au moment où vous obtiendriez des résultats.
Pour vous aider à outrepasser ces limitations, la prochaine étape vise à considérer ces craintes du traitement par rapport à l’impact réel que le trouble obsessionnel-compulsif a sur votre vie.
Prenez de nouveau vos notes.
L’objectif ici est de faire la liste de toutes les manières dont le TOC a un impact négatif sur votre vie.
En faisant cette liste, notez son incidence négative dans toutes ces différentes facettes de votre vie:
- En famille: sur votre relation avec vos enfants et votre capacité à les soutenir.
- En amour: l’impact que cela a sur votre relation de couple.
- Sur vos loisirs et votre capacité à en profiter vraiment.
- Sur vos relations de travail avec vos collègues.
- Sur vos activités quotidiennes et votre qualité de vie en général.
Cette liste devrait vous montrer de manière explicite l’impact réel que le TOC a sur votre vie et la souffrance qu’il occasionne.
Reprenez maintenant dans vos notes:
1. La liste des réserves que vous avez à suivre le traitement du TOC et;
2. La liste de tous les impacts négatifs que le TOC a sur votre vie.
Comparez ces deux listes l’une à l’autre.
Cette comparaison vous fournit une relation coûts/bénéfices à dépasser vos craintes pour débuter le traitement.
Rappelez-vous que vos craintes face au traitement ne sont que potentielles: c’est-à-dire qu’elles ont de bonnes chances de ne jamais se produire.
Et même si elles se produisaient, elles risquent de ne pas durer très longtemps.
À la différence, les souffrances que votre TOC vous cause sont réelles, constantes et elles se poursuivront tant que vous ne ferez rien pour le traiter.
Cette mise en perspective (relation coûts/bénéfices) vous permet de décider en répondant à la question suivante:
Est-ce que les craintes et les réserves face au traitement de mon TOC sont plus importantes que les souffrances qu’il me procure au quotidien?
Si votre réponse est «oui», cela signifie que vous n’êtes peut-être pas prêt(e) à suivre un traitement et à apporter ces changements dans votre vie.
Dans ce cas, il peut être préférable d’attendre d’être prêt(e).
Néanmoins, je vous suggère de consulter, car un(e) psychologue pourra vous aider à cheminer pour avancer plus vite vers le moment où vous serez prêt(e).
Mais si votre réponse est «non», poursuivez votre lecture (vous pouvez aussi profiter de mon livre qui va de pair avec mon programme qui présentent les meilleures solutions).
Si vous décidez de débuter un traitement, gardez cet exercice tout près car il constitue une ressource utile pour vous aider à vous motiver si, en cours de route, vous ressentez une perte de motivation ou du découragement.
Maintenant que ces précisions préliminaires sont faites, nous pouvons débuter…
…La première étape du traitement: identifiez les conséquences redoutées associées à vos obsessions
Le docteur Jonathan Grayson explique que, derrière chaque obsession se cachent des «conséquences redoutées» (feared consequences en anglais).
Comme les thèmes des obsessions peuvent être très nombreux puisqu’ils ne sont limités que par notre imagination, les conséquences redoutées le sont tout autant.
C’est la raison pour laquelle il est impossible d’en faire une liste exhaustive.
En voici tout de même plusieurs exemples:
- Dans le cas des obsessions agressives (phobie d’impulsion): avoir peur de devenir fou, de perdre le contrôle et de faire du mal aux autres (ou à soi-même), ou avoir peur de ce que ces pensées pourraient signifier sur soi-même.
- Dans le TOC du couple, c’est la peur de ne pas vraiment aimer son/sa partenaire.
- Dans le cas de la jalousie maladive, avoir peur que son/sa partenaire soit infidèle.
- Dans le «TOC homo», c’est la peur de ne pas avoir la bonne orientation sexuelle.
- Dans l’hypocondrie, c’est la peur de tomber malade (et voici mon article sur son traitement).
- On peut aussi avoir peur que nos obsessions nous fassent nous sentir mal (augmentent notre anxiété), comme avec la peur d’avoir peur.
- Dans l’obsession de perfection, c’est la peur de ne pas être assez parfait(e).
- Dans la dysmorphophobie, le fait de se concentrer constamment sur certaines imperfections de son corps, coiffure, peau, etc.
- Dans le «TOC de propreté», c'est la peur d'avoir été contaminé(e).
- Etc.
Comme vous le voyez, la liste pourrait être beaucoup plus longue…
C’est pour éviter ces conséquences redoutées que vous avez développé des compulsions, en réaction à vos obsessions.
Ainsi, pour bien comprendre les obsessions qui vous font souffrir, vous devez identifier également les conséquences que vous redoutez.
Je vous invite donc à revenir à la section de vos notes où vous avez inscrit vos obsessions et à écrire à côté (ou en-dessous) les conséquences que vous redoutez en relation à chacune d’elles.
Le fait d’identifier clairement ce que vous redoutez est capital car c’est ce qui sera abordé dans le traitement lui-même.
Si vous ne savez pas ce que vous redoutez, il sera difficile de faire disparaître ces craintes.
Toutes ces étapes nous conduisent à...
La quête de la certitude absolue et la QUESTION (de Grayson)
Les obsessions et leurs conséquences redoutées que vous avez identifiées, les compulsions que vous adoptez pour vous en soulager, tout cela nous conduit à la quête de certitude absolue.
Le trouble obsessionnel-compulsif se développe lorsqu’une personne est incapable de tolérer l’incertitude par rapport à ce qu’elle redoute.
Et c’est la quête constante de certitude absolue qui en découle qui se retrouve à la base des compulsions.
Exemple 1
La personne qui a des pensées agressives et meurtrières (obsessions) cherche constamment à se rassurer (compulsion) pour être sûre à 100% qu’elle n’agira pas sur la base de ses pensées, parce qu’elle ne veut pas faire de mal aux autres (conséquence redoutée).
Exemple 2
La personne qui a peur des maladies (obsession) vérifiera constamment (et de nombreuses manières) que sa santé va bien (compulsions) pour être sûre à 100% qu’elle n’est pas (ou ne tombera pas) malade (conséquence redoutée).
Exemple 3
La personne qui a peur d’être homosexuelle (obsession) cherchera constamment des signes qu’elle ne l’est pas (compulsion) pour être sûre à 100% qu’elle n’adopte pas ce qui est, selon elle, une mauvaise orientation sexuelle (conséquence redoutée).
Vous comprenez le principe.
Puisque vous disposez maintenant d'une liste de ces éléments (obsessions, compulsions et conséquences redoutées), vous pouvez faire l’exercice de décrire à la manière de ces trois exemples les obsessions de votre TOC et ce que vous faites (compulsions) pour éviter les conséquences redoutées.
L’objectif est de constater que, si vous souffrez bien d’un trouble obsessionnel-compulsif, vous êtes vous aussi en quête de certitude absolue pour vous rassurer face à ce que vous redoutez.
C’est cette quête de certitude absolue qui pose problème, car c’est elle qui nourrit les comportements compulsifs qui vous font aussi souffrir.
Dans ce contexte, lorsqu’il traite des personnes atteintes de TOC, le docteur Grayson leur pose toujours ce qu’il nomme «La QUESTION»:
Êtes-vous prêt(e) à tolérer l’incertitude?
Cette question paraît simple, et elle l’est.
Mais elle est très riche d’implications et elle n’est pas moins primordiale.
Vouloir un traitement pour votre TOC n’est pas suffisant.
C'est pourquoi cette étape de la QUESTION est à la fois la plus facile et la plus difficile.
Elle est la plus facile parce que vous n’avez pas de comportement à changer: vous n’avez qu’à répondre à une question…
Mais elle est aussi la plus difficile parce que votre réponse changera votre manière de voir votre TOC, de vous voir vous-même, de voir votre vie, et ouvrira (ou non) la porte à la possibilité de guérir véritablement.
Alors, que répondez-vous à cette question?
N’y répondez pas si vous n’êtes pas sûr(e) de bien ressentir toute l’importance de votre réponse sur la suite des choses.
Si vous répondez par la négative, vous prenez alors conscience que vous ne pourrez pas amorcer les changements qui vous permettront de déconstruire les étapes à travers lesquelles le TOC vous fait souffrir chaque jour.
Et si vous répondez par la positive, vous ouvrez la porte au traitement, mais vous acceptez aussi le fait que ce que vous redoutez le plus peut se produire.
En acceptant cela, vous faites comme les personnes qui ne souffrent pas de TOC et qui reconnaissent l’incertitude comme faisant partie intégrante de l’existence.
C’est à cette condition que vous serez en mesure d’affronter les peurs et de vous libérer progressivement de ce qui vous fait souffrir.
La bonne nouvelle, c’est que vous savez déjà que la certitude absolue est inaccessible.
En effet, si vous aviez pu vous rassurer à 100% en regard de ce que vous redoutez, vous n’auriez pas sans cesse à répéter les compulsions pour vous soulager de l’anxiété que vous causent les obsessions.
Ainsi, le simple fait que vous continuiez à souffrir des symptômes du TOC vous démontre hors de tout doute, et de manière continue, que la certitude absolue est inaccessible.
Bien sûr, il est possible d'atteindre momentanément une impression de complète certitude.
Mais cela ne dure jamais longtemps, sinon vous ne ressentiriez pas de nouveau (et sans cesse) le besoin de vous rassurer.
Quand je dis que la certitude absolue est inaccessible, je parle donc évidemment de certitude absolue durable.
Ainsi, répondre «oui» à la QUESTION signifie que vous choisissez d’accepter ce que vous savez déjà au lieu de vivre dans le déni.
Mais, comme le souligne Grayson, que signifient vraiment les termes «acceptation» et «déni»?
L’acceptation implique de reconnaître la réalité et tout ce qu’elle implique.
De son côté, le déni consiste à refuser la réalité et à continuer de vivre comme si des choses impossibles étaient, en fait, possibles (comme obtenir la certitude absolue que l’objet de vos peurs ne se réalisera pas).
Mais le traitement du trouble obsessionnel-compulsif implique aussi un deuil.
Pour une personne qui cherche à se rassurer à 100% sur un sujet qui la terrorise, si elle accepte la réalité, elle doit aussi accepter que tout ce qu’elle a fait, elle l’a fait pour rien.
Elle doit reconnaître que son rêve (obtenir la certitude absolue) est encore plus inaccessible que le rêve de devenir riche pour la personne qui joue à la loterie.
Cette personne doit donc faire le deuil de ce rêve de certitude pour amorcer son traitement et répondre «OUI» à la question «Suis-je prêt(e) à accepter/tolérer l’incertitude dans ma vie?»
Accepter la réalité reste pourtant la seule base à partir de laquelle le traitement du TOC vous donnera des résultats.
Et cette acceptation implique plusieurs étapes que vous devez franchir et pour lesquelles il n’existe aucune échappatoire.
Si vous vous êtes rendu(e) jusqu’ici dans votre lecture et que je ne vous ai pas trop découragé(e), répondez aussi à ces deux questions que pose le docteur Grayson:
1. Désirez-vous continuer à souffrir du TOC pour une durée indéterminée dans l’espoir de trouver un traitement plus facile?
Si la réponse est «non», vous êtes sans doute prêt(e) à avancer.
Si la réponse est «oui», c’est que vous êtes prêt(e) à payer le prix de la souffrance et à attendre davantage avant d’appliquer une solution.
2. Est-ce que le traitement fonctionnera vraiment pour traiter votre TOC?
Si vous croyez que «oui», vous êtes sans doute prêt(e) à avancer.
Si vous ne le croyez pas (si vous répondez «non»), vous restez néanmoins face à ce dilemme:
Vous avez le choix entre continuer à souffrir indéfiniment ou essayer une possibilité d’aller mieux.
Quelle est, malgré tout, la meilleure avenue?
Vous l’aurez deviné, tenter le traitement même si vous n’êtes pas sûr(e) de guérir est une meilleure avenue pour arrêter la souffrance que de ne rien faire.
Si vous lisez cet article dans une réelle perspective d’aller mieux, vous voyez que vous ne risquez finalement pas grand-chose à répondre «oui» à la question de Grayson et d’accepter de tolérer l’incertitude face à ce qui vous fait peur.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Le traitement pour soigner le trouble obsessionnel-compulsif que propose la psychothérapie cognitivo-comportementale
Si vous vous êtes rendu(e) jusqu’ici dans la lecture de ce long article, je vous félicite.
Vous êtes motivé(e) à mettre enfin un terme à la souffrance que vous occasionne le TOC.
Cette dernière section de mon article vous présentera donc des ressources de la thérapie cognitivo-comportementale qui aident à traiter le trouble obsessionnel-compulsif.
Tout d’abord, pour compléter la très importante section précédente sur l’acceptation de l’incertitude relative à vos peurs, l’exercice qui suit vous aidera à mesurer à quel point vous recherchez la certitude face à ce que vous craignez.
Exercice - Le journal de la quête de certitude (adapté de Clark et Prudon, 2005, p. 105-107)
Cet exercice vous aidera à combattre les fausses croyances selon lesquelles vous avez besoin de certitude sur les sujets qui vous font peur.
Il vous aidera à amorcer cette étape fondatrice du traitement qui consiste à répondre «oui» à la QUESTION.
L’objectif de cet exercice est de mieux connaître et comprendre les effets de cette intolérance à l’incertitude sur vos doutes et vos inquiétudes (obsessions).
Reproduisez d’abord les cinq catégories suivantes dans votre cahier de notes et laissez-vous de la place pour prendre des notes sous chaque catégorie:
1. Date et heure où l’obsession s’est manifestée
2. Degré de certitude que j’avais au moment où l’obsession s’est manifestée (0: aucune certitude / 100: certitude absolue)
3. Durée pendant laquelle j’ai atteint la certitude absolue
4. Souffrance qu’a suscitée cette recherche de certitude
5. Avantages à rechercher (et atteindre) cette certitude
Ensuite, une fois par jour pour les sept prochains jours, notez selon les catégories:
1. Quels sont le moment et l’heure où le pire épisode d’obsession est survenu dans la journée?
Si vous souffrez de TOC, il est probable que vos obsessions se manifestent plus d’une fois par jour.
Vous pouvez donc noter plus qu’un épisode par jour, mais si vous n’en notez qu’un, concentrez-vous sur celui qui vous a fait le plus souffrir (donc celui qui a suscité le plus de comportements compulsifs).
2. Quel était votre niveau de certitude au sujet de votre obsession au moment où elle s’est manifestée?
Pour que vous réagissiez à une obsession, cela implique que le niveau de certitude soit faible puisque les compulsions visent à augmenter la certitude que ce qui est craint ne se produira pas.
Le fait de noter le niveau de certitude que vous ressentez au moment où l’obsession se manifeste vise à souligner l’importance de la quête de certitude dans la mise en place des comportements compulsifs qui suivent et qui visent à soulager l’anxiété.
3. Pendant combien de temps la certitude absolue a-t-elle été atteinte?
À cette question, vous constaterez fréquemment que vous ne pourrez même pas noter une seule minute…
Mais dans certains cas, le soulagement pourra durer quelque temps.
Puisque cette atteinte de «certitude absolue», lorsqu’elle est possible, restera toujours (très) temporaire, notez comme réponse à cette question combien de temps a duré le soulagement avant que les doutes et les inquiétudes (obsessions) ne reviennent.
4. Quel a été l’impact négatif sur votre vie (souffrances) de cette quête de certitude absolue?
Je ne vous apprends rien, une grande partie de votre souffrance provient des actions et des comportements que vous adoptez en réaction à l’irruption des obsessions dans votre esprit.
Cette section de l’exercice consiste à noter, le plus objectivement possible, l’impact négatif de ce que vous avez fait en réaction aux obsessions qui vous ont touché(e).
5. Quels sont les bénéfices (avantages) à tenter d’atteindre la certitude absolue?
Lorsque vous y parvenez pendant un bref moment, l’impression de certitude absolue peut faire du bien par rapport à ce que vous craignez.
Cette section vise justement à noter les avantages que vous éprouvez à réaliser les compulsions, s’il y en a.
Exemple de la réalisation du journal de la quête de certitude
Pour illustrer la manière de faire cet exercice, voici l’exemple d’une entrée dans le journal d’une personne fictive, appelons cette personne «Mathieu».
Mathieu souffre de la peur obsessionnelle des maladies (il est hypocondriaque).
Ainsi, il s’inquiète fréquemment de son état de santé et il se met à analyser tout signe qui indiquerait la présence de maladies.
Voici ce qu’il note pour un épisode obsessionnel-compulsif (mais son journal en compte plusieurs par jours pendant une semaine):
1. Date et heure où l’obsession s’est manifestée
Mardi le 15 octobre 2019, à 20h47.
2. Degré de certitude que j’avais au moment où les doutes se sont manifestés (0: aucune certitude / 100: certitude absolue)
40
3. Durée pendant laquelle j’ai atteint la certitude absolue
10 minutes.
4. Souffrance qu’a suscitée cette recherche de certitude
J’ai passé deux heures de ma soirée à:
- Vérifier si mon corps comportait des signes de maladies;
- Tenter de me remémorer si, dans ma journée, j’avais pu être en contact avec des personnes malades ou si je me souvenais d’avoir eu des symptômes de maladies;
- Chercher sur Internet quelles maladies pourraient me toucher.
5. Avantages à atteindre cette certitude
Ces heures de vérifications m’ont rassuré et j’ai ressenti un peu de calme et de paix intérieure, mais cela n’a pas duré plus de 10 minutes.
Le bilan de cet exercice
Comme vous le constatez, Mathieu n’a pas eu un très long répit.
Après seulement 10 minutes de tranquillité, les inquiétudes et les doutes sont revenus et son anxiété s’est remise à augmenter, gommant du coup les deux heures de vérifications (compulsions) qu’il venait d’accomplir.
Je vous invite donc à remplir vous aussi cet exercice.
Il risque de vous réserver d’importantes surprises qui vous aideront à avancer plus rapidement dans la bonne direction du traitement de votre trouble obsessionnel-compulsif.
Une fois la semaine terminée, lorsque vous aurez rempli votre journal, révisez ce que vous avez noté.
Lors de cette révision, l’objectif est d’identifier le nombre de fois où vous avez réussi à atteindre un niveau réellement confortable de certitude qui a fait durablement diminuer votre anxiété.
Combien de fois n’avez-vous jamais pu atteindre la certitude absolue (ni de réel soulagement) malgré les efforts importants que vous avez fournis?
Et même si vous avez atteint cette certitude absolue, combien de temps a-t-elle duré?
Autrement dit, mesurez bien si les efforts que vous fournissez à travers vos compulsions en valent vraiment la peine.
Pouvez-vous-même trouver des indices qui vous indiqueraient que c’est votre quête de certitude absolue elle-même qui rend vos doutes et vos inquiétudes (vos obsessions) plus intenses et durables?
La prochaine étape de votre traitement du TOC
Cet article est déjà très long.
Alors si vous lisez ces lignes, je vous félicite encore, car cela démontre votre implication à trouver une solution réelle à votre trouble obsessionnel-compulsif.
Je viens de vous présenter les fondements les plus importants du traitement que vous pouvez débuter, tel que le recommandent notamment les docteurs Clark, Prudon et Grayson.
Mais n’ayez crainte, je ne vous laisse pas tomber ici!
Cet article atteint ses limites, mais je vais vous présenter ce que vous pouvez faire pour continuer à avancer pour obtenir des résultats.
Maintenant que vous êtes impliqué(e) face à ce que vous vivez et que vous êtes prêt(e) à accepter la part d’incertitude nécessaire au succès de votre traitement, vous pouvez passer à la prochaine étape.
Cette étape se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
En thérapie cognitivo-comportementale, l’exposition consiste à vous confronter doucement et progressivement aux craintes de vos obsessions pour faire diminuer la réaction anxieuse que vous leur associez.
De son côté, la prévention de la réponse consiste à cesser progressivement de réaliser les comportements compulsifs qui visent à neutraliser la peur et l’anxiété générées par les obsessions mais qui, en fait, les entretiennent.
Si vous désirez apprendre à appliquer simplement et efficacement cette stratégie éprouvée pour traiter le TOC, je vous invite à lire cet article qui présente en détail le contenu de mon programme sur le sujet.
Mon programme et mon livre qui en constitue l'introduction vous expliquent comment appliquer efficacement l’exposition avec prévention de la réponse (le meilleur traitement TCC à ce jour) à vos pensées obsessionnelles de manière à vous en libérer progressivement.
J'ai même créé des modules pour compléter mon programme sur différents sujets:
Mes ressources ont déjà aidé un grand nombre de personnes et j’ai le bonheur de recevoir régulièrement des mots de remerciements de leur part, ce qui me fait chaud au cœur!
Je vous invite donc à découvrir mon livre qui fonctionne de pair avec mon programme Web de traitement du TOC et mes modules pour vous aider:
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mini-ebooks sur le TOC
Série de mini-ebooks introductifs pour vous aider à comprendre les différentes dimensions du TOC.
Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Voici d'ailleurs un article à lire si vous vous demandez s'il est possible de guérir du TOC seul, par soi-même.
Si vous souffrez de TOC et que vous désirez débuter un traitement, il est aussi recommandé de consulter un(e) psychologue.
Les psychologues d’orientation cognitivo-comportementale sont spécialisés dans le traitement de ce type de problème.
Je vous suggère de vérifier avec le/la psychologue que vous choisirez pour vous assurer qu’il/elle a bien les compétences et l’expérience pour traiter le trouble obsessionnel-compulsif.
Mais trouver le/la psychologue qui est spécialisé dans le traitement de ce type de problème n’est pas toujours facile.
Si vous ne trouvez pas ces ressources dans votre région, vous pouvez considérer la consultation à distance, par Internet.
Cet article détaillé vous explique comment vous pouvez consulter un(e) psychologue en ligne.
La thérapie avec un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale spécialisé(e) dans le traitement du TOC et mes ressources vous fourniront des outils pour faire face à vos obsessions et vous aider à vous en libérer durablement.
Si vous aimeriez découvrir davantage de ressources sur le sujet du trouble obsessionnel-compulsif et de son traitement, je vous invite également à consulter:
- Toutes mes ressources et stratégies que présente sur les TOCS en ligne;
- L’article qui présente comment fonctionnent les pensées intrusives et obsessionnelles avec d’autres pistes de solutions.
- Mon article qui répond à la question: Peut-on guérir du TOC pour de bon?
- Mon article qui répond à la question: Comment arrêter de penser à quelque chose
Et enfin, voici un article qui recueille des témoignages de guérison du TOC qui vous montrent qu'aller mieux est véritablement possible.
J’espère que mon article vous aura aidé(e) à vous orienter par rapport au traitement de votre trouble obsessionnel-compulsif.
C’est mon souhait le plus cher.
Si vous désirez partager vos propres expériences et votre témoignage au sujet des traitements que vous avez essayé ou sur d’autres sujets, ou si vous avez des questions, l’espace des commentaires ci-dessous est là pour vous.
Références
- Clark, David A. (2004), Cognitive-Behavioral Therapy for OCD, The Guilford Press, 158 p.
- Clark, David A. et Christine Prudon (2005), Overcoming Obsessive Thoughts: How to Gain Control of Your OCD, New Harbinger, 176 p.
- Davidson, Joan et Jeff Bell (2014), Daring to Challenge OCD: Overcome Your Fear of Treatment and Take Control of Your Life Using Exposure and Response Prevention, New Harbinger, 200 p.
- Grayson, Jonathan (2014), Freedom from Obsessive Compulsive Disorder: A Personalized Recovery Program for Living with Uncertainty, Berkley Trade, 384 p.
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